Histoire de Zephyriana

Un nouveau départ

Introduction


Cette fois, c‘était la fin. Némérès avait définitivement sombré dans le chaos. Après la disparition de notre maître, les vieilles passions, les haines s'étaient réveillées, malgré les efforts des chefs de tribus, et de leurs lieutenants pour maintenir l'Ancien Ordre, les guerres fratricides avaient repris. Les tribus s'opposaient, ami contre ami, frère contre frère. Il ne se passait pas de jours sans que la terre des dragons soient ébranlés par les chocs de batailles titanesques, qui laissaient les forêts, les plaines et même les montagnes, complètement détruites, noircies par les flammes et déchiquetées par les coups de griffes. La terre labourée était imbibée de sang.
Devant cette situation, des commandeurs de tribu et quelques dragons... comprirent que Némérès ne pourrais jamais renaître. Ils décidèrent d'abandonner le royaume à la haine et à la trahison, qui devait le mener à sa destruction. Les derniers fidèles construisirent une arche gigantesque, et y entreposèrent leurs biens les plus précieux. Il était temps il fallait partir au plus vite, Liche ouvrit un vortex, et nous fumes aspirés dans un monde parallèle afin de sauvegarder les derniers de la race des dragons avant leur destruction finale.
Le récit qui suit nous est raconté par Dragon Fille du Vent .


Chapitre I

Naissance de Zéphyriana

« Lorsque j'embarquais sur l'arche, je sentais bien que mon coeur était brisé. J'étais épuisée, triste de quitter Némérès ou j'avais grandit dans le bonheur, entourée de mes amis et de ma famille. Mais tout était perdu, ici. Déjà les orcs et les trolls, avaient franchi les frontières du Nord, ravageant devant eux, ce que les luttes fratricides avaient épargné; la fuite était notre seul ressort. Sinon, la race des dragons s'éteindrait à jamais. A bord de l'arche, nous n'étions qu'une vingtaine. Les autres avaient refusé de nous accompagner, préférant tenter de ramener la paix, nous accusant de lâcheté et de trahison. Et pourtant, s'ils avaient pu voir les visions de mon fils, Northstar comment pouvais-je oublier ses larmes, quand il m'avait raconté ses rêves, m'expliquant comment le peuple des dragons de Némérès serait exterminé en moins d'une année.
Je m'installais dans la cale de l'arche afin de me retrouver seule, je commençais à réfléchir sur notre avenir immédiat. Ou irions-nous? Quelle terre pourrait bien accueillir les créatures que nous étions? Némérès ne nous avait été accordée en remerciement de la bravoure et la loyauté d'Hinofa par Irwin dieu des dragons. Son fils Jenka se fut confié la garde la porte d'entrer du royaume. Ou pouvions nous aller? Cette question tournait inlassablement dans ma tête Epuisée, je sentis finalement le sommeil me gagner, je m'enveloppais dans mes ailes, et m'endormis enfin. Au matin, une horrible douleur dans la poitrine me réveilla. Instinctivement, ma patte s'était portée sur mon coeur, je pressais mes écailles. La douleur refluait par vagues successives, toujours plus forte. Je fermais les yeux et serrais très fort. Jamais je n'avais connu ça... La douleur s'atténuant, je me détendis et regardais ma patte. Elle était rougit par le sang. Qu'avait-il bien pu se passer? Me dis-je. Allais-je mourir ici? Il ne fallait pas que mon fils et mes compagnons de voyage s'inquiètent. Déjà, j'avais pu lire leur tristesse lors de notre embarquement. Ils ne devaient surtout rien apprendre. Je leur expliquais donc mon absence sur le pont en prétextant que j'étais très fatiguée et qu'il me fallait rester au calme pour me concentrer sur notre survie à tous. Me croyant, ils me laissèrent dans la pénombre de la cale et rejoignirent leur poste. S'ils avaient pu savoir comme le vent me manquait... comme j'aurais voulu sentir son souffle me caresser. Je savais qu'il pourrait calmer la douleur que je sentais battre au niveau de mon coeur, et se répandre dans mes membres au rythme de ces battements.
J'avais hâte de retrouver le souffle du vent, la forêt, la liberté au plus vite. Liche vint me voir et me dit:

- " Nous allons atteindre la vitesse de la lumière en quelques secondes, et des secousses vont se faire ressentir lors de notre arriver, alors fait attention à toi. As-tu ressentie des auras bénéfiques ou négatives?"

Rassemblant mes dernières forces, me concentrant, je cherchais à prendre contact. Tout d'un coup dans un sursaut je recevais les ondes des auras de ce monde, certaines étaient noires, d'autres bonnes plus nous, nous approchions plus je voyais notre avenir.

-" Je ressens les deux mais les bénéfiques sont en plus grands nombres, mais je crois qu'il nous faudra être très prudent! "

A notre sortie du vortex, nous, nous trouvions sur un océan d'un monde complément inconnu. Le temps passait, mais aucune terre ne se présentait devant notre proue. Même les reconnaissances en vol, qui ramenaient les éclaireurs épuisés sur le pont ne rapportait rien. De l'eau, de l'eau, toujours de l'eau... Nous voulions retrouver la forêt, les montagnes, la liberté au plus vite. Mais l'espoir d'en trouver une diminuait de plus en plus. Au bout de 16 jours de voyage, notre arche avait traversé une tempête comme nous n'en avions jamais connu... l'air avait semblé se déchirer devant nous, comme lacérée par les éclairs. Quand le vent eut calmé sa fureur et que les nuages se furent écartés sur un soleil rouge et déclinant! Nous poussâmes tous un soupir de soulagement. Et pourtant, l'inquiétude torturait mon esprit. Quelque chose avait changé. Les auras qui émanaient de l'arche et de ses passagers étaient les mêmes, mais autour, l'énergie était différente... l'eau, les créatures marines qui nageaient sous la coque et même les nuages semblaient être ailleurs, ne pas faire partie du monde... Lorsque Liche voulut nous situer sur les cartes imprécises que nous tenions des humains, il remarqua que les étoiles avaient changé... Etions-nous dans le monde ou Liche voulait nous emmener?
Ou pouvions-nous bien être? Devant cela, la panique gagna les autres dragons, et il fallut tout notre courage pour réussir à les calmer et les rassurer. Mais nous avions plus que jamais l'impression de n'aller nulle part. Heureusement que nous n'avions pas besoin d'eau et que la pêche nous fournissait suffisamment de nourriture. Un matin, après plusieurs semaines de traversée, Bronze, celui qui remplaçait Liche en cas de besoin, plongea dans la pénombre de la cale, tout excité. Sur le pont, j'entendais les clameurs de mes amis, sans réussir à les comprendre.

-" Terre! Terre! ! Fille du Vent! Liche!" Hurlait Bronze en se ruant vers nous.

Nous étions en train de discuter sur ce que nous devions faire dans les jours qui venaient. En l'entendant, nous relevâmes la tête, Liche allait à sa rencontre, afin qu'il ne voyait pas dans quel état j'étais.

- "Calme-toi", dit-il, et explique-nous tout calmement.

Bronze, pris une grande inspiration se calma et commença à expliquer.

- " Une terre à été repérée à 150 km vers l'Ouest, par Lune Noire! Ryu immédiatement mit le cap vers elle. Nous y serons après-demain, à l'aube."

Sur son museau ravagé par les privations et la fatigue, un sourire apparaissait pour la première fois depuis la disparition de Dragon Noir. Sur le pont, le reste de l'équipage semblait également avoir retrouvé toute sa vitalité. Pendant que Liche montait pour donner de nouveaux ordres, je rassemblais mes dernières forces, je projetais mon esprit vers ce nouveau havre qui s'offrait à nous. La terre vers laquelle nous voguions baignait dans la magie. Même avec mon corps ravagé par le mal qui me rongeait depuis notre départ, et la distance, je pouvais sentir l'aura qui en émanait et qui faisait vibrer mon esprit. Northstar m'avait rejoint et se serrait contre moi. Lui aussi ressentait ces ondes et leur intensité provoquaient des remous énormes dans son esprit, éveillant son pouvoir de divination. Au fur et à mesure que la distance se réduisait, je percevais notre avenir avec plus de clarté. La terre vers laquelle nous allions était accueillante. Elle était vivante et nous apporterait sa protection. Nous allions pouvoir y vivre et y prospérer dans la paix.

Le lendemain, bien avant le lever du soleil, tous ceux qui le pouvaient encore s'étaient traînés sur le pont et fouillaient l'horizon des yeux... des goélands et des mouettes, porteurs d'espoir avaient fait leur apparition la veille au soir, ils s'étaient posés les rambardes et le gréement. Leurs criaillements nocturnes nous avaient semblé la plus belle des berceuses. Le soleil se levait lentement derrière nous, éclairant la mer. Soudain, un hurlement retentit, bientôt repris par tous: une mince bande noire venait d'apparaître à l'horizon. Oublié la fatigue et les privations. Oublié la tempête, les secousses du vortex et les calmes plats. La seule chose qui importait, c'était cela: la fin du voyage était proche. Dans quelques heures, nous serions enfin à terre.

Au fur et à mesure que la distance diminuait, les premiers détails faisaient leur apparition. Plus qu'une île, il s'agissait plutôt d'un continent, dont la côte s'étendait, toute droite, aussi loin que nos regards puissent ce porter. Liche me criait tout ce qu'ils voyaient à travers l'écoutille. La cote était bordée de hautes falaises, qu'on devinait couronnées d'arbres. Ils voyaient aussi plusieurs chutes d'eau qui se jetaient dans la mer, révélant la présence de grandes rivières. Et au loin, une chaîne de montagnes bleutées, chapeautées de neige, sortait de la brume. Ce nouveau monde allait-il être le paradis où nous trouverions la paix que nous désirions tant? Je criais à Liche qu'il pouvait accoster. Cette terre ne nous serait pas hostile. Restait cependant à trouver un lieu d'accostage. Les falaises faisaient plusieurs dizaines de mètres de haut, et aucune ouverture n'apparaissait. Ryu après avoir laisser sa place au gouvernail à Liche. Il demanda qu'un de nos compagnons viennent avec lui afin exploraient la cote. Surmontant leur fatigue, ils prirent leur envol, afin de chercher une plage ou nous pourrions venir nous échouer. Après plusieurs heures d'une attente angoissée, ils revinrent.

A leur retour ils nous conduisîmes vers le Nord, les falaises s'abaissaient et laissaient la place à des golfes, dans lesquels nous pourrions sans mal jeter l'ancre. Aussitôt dit, aussitôt fait. Quelques heures plus tard, l'ancre de notre bateau crevait l'eau, au centre d'une baie abritée. Liche et Bronze vinrent me chercher et pour la première fois depuis des semaines, je sentis le soleil réchauffer mes écailles et le vent me caresser. Je pris une grande inspiration. L'air était lourd de l'odeur de la terre et des forêts. Rapidement, les canots furent mis à l'eau, et nous, nous retrouvâmes sur la plage, à remercier les dieux de nous avoir sauvés. La journée passa en repos et en discutions, chacun donnant son avis sur ce qui nous entourait, se demandant ce que nous allions trouver. Je me sentais de mieux en mieux, même si ma poitrine me faisait encore souffrir de temps en temps.

Le lendemain matin, nous commençâmes sérieusement à nous installer. Pendant qu'un groupe déchargeait le bateau, sous le commandement de Liche et de Ryu, un autre, sous ma direction et celle de Lune Noire, partîmes en expédition, afin d'explorer les alentours et rechercher les traces d'une peuplade locale. Doucement, nous, nous enfonçâmes sous les arbres qui bordaient la plage. Bientôt, les rires de nos amis restés en arrière furent remplacés par les bruits des oiseaux dans les branches. Nous observions les alentours afin de détecter un éventuel signe d'hostilité, mais tout était calme. Le sol n'était pas plat, mais se composait de petites collines que les arbres escaladaient, entrecoupées de petites vallées. Nous marchions en scrutant les lieux au moindre bruit. Mais, à part quelques animaux, aucune âme ne donnait signe de vie en ce lieu. Arrivés dans une grande clairière, nous décidâmes de nous séparer en petits groupes et de nous retrouver ici quatre heures plus tard. Chacun partit donc dans une direction différente. Je me laissais distancer, lorsque les autres furent hors de portée de ma vue, je me dirigeais vers un bouquet d'arbre qui couronnait une colline plus haute que les autres. Au bout de quelques instants j'entendis les autres m'appeler. Ils me criaient de rester avec eux, que nous ne savions pas quel ennemi nous pouvions rencontrer sur cette terre inconnue. Ils avaient raison, bien sure. Pourtant, je ne leur répondais pas. Je savais que mon heure était proche, peu après le départ de notre expédition, la douleur était revenue et mes forces déclinaient très vite. Je ne pouvais attendre plus longtemps. Au pied de la colline, à travers les arbres gigantesques, je vis l'entrée d'une grotte. Un sourire triste flotta un moment sur mon museau. C'est donc ici que j'allais enfin me reposer pour l'éternité.

J'entrais lentement dans la grotte. Il ne faisait pas noir à l'intérieur. Les parois semblaient renvoyer la lumière du jour comme des miroirs. Mais en les observant de plus près, je me rendit compte qu'elles étaient fluorescentes. N'en pouvant plus, je m'allongeais sur le sol humide, fermais les yeux et attendit. Mes dernières pensées allaient vers les miens, où pouvaient-ils bien être? Avaient-ils déjà commencé à me chercher? Je sentais mon coeur battre de plus en plus lentement. Une dernière fois, je fis une prière à Aïvos, afin qu'il protège les miens et qu'il mette enfin un terme à ma souffrance. La mort approchait. Tout d'un coup, au fond de la grotte, une lueur aveuglante jaillit. Je relevais difficilement la tête et fixait cette lumière puissante, mais qui ne m'éblouissait pourtant pas. Une forme apparut dans la lumière. Quand elle se précisa, je le reconnut. C'était... c'était Aïvos, oui c'était bien lui, mon protecteur. J'essayais de me redresser mais je ne pouvais pas. Mes forces étaient presque épuisées. Je ne réussis qu'à redresser encore la tête et la tendre vers lui. Il vient vers moi et me dit:

- " Ne bouge pas reste comme tu es. Oui, c'est bien moi mon enfant. Fille du Vent ta mort n'est pas encore pour aujourd'hui, lève-toi. Ton enveloppe de dragon tu vas la perdre et devenir une femme. Pas n'importe quelle femme mais une sylphide une fille d'Eole dieu du vent, je te confie à lui, il a une mission à te confier sur cette terre. Lève-toi Fille du Vent et transforme-toi."

A ces mots, une force nouvelle envahit mes membres. Je réussis à me lever et à sortir de la grotte. Après avoir fait quelques mètres je m'arrêtais et fermais les yeux. Je prononçais la formule de ma transformation apprisse par mon père il y a quelques années. D'un mouvement d'aile lent et gracieux, la tête levait vers le ciel, je décollais entre ciel et terre, les ailes grandes ouvertes, portée par la force du vent. A quelques mètres du sol, là, je m'enveloppais dans mes ailes et glissais ma tête à l'intérieur. Le vent se mit à souffler et à tournoyer autour de moi, d'abord lentement, puis de plus en plus vite. Un nuage se forma autour de moi et m'enveloppa, au point de me faire disparaître. Seule ma voix se faisait entendre, je récitais une litanie à Aïvos pour le remercier. C'était comme une tornade de couleur grise. Elle resta autour de moi pendant un bon moment.
Puis doucement, très doucement je redescendis vers la terre. Le vent diminua lentement pour ne laisser qu'une brise. Le nuage se dissipa, et laissant apparaître des cercles sur la terre, du à la force du vent, me laissant recroquevillée sur moi-même.
Doucement, je repris mes sens un léger malaise me faisait tourner la tête. Sous l'effet du tournis laisser par le vent, je me dirigeais précautionneusement vers le ruisseau qui coulait non loin de là. Je m'agenouillais sur la berge, pour la première fois j'allais voir ma transformation dans le miroir de l'eau. Je me penchais et ouvrant largement mes yeux! Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis ma nouvelle apparence! Ma peau était blanche et laiteuse. Mes cheveux, très longs et bouclés étaient couleur des blés. Ils encadraient mon visage et descendaient en lourdes vagues jusqu'à ma taille, recouvrant mon corps nu. Mes grands yeux en amande brillaient comme des émeraudes dans l'écrin de mes cils. Mon regard était perçant, vif et taquin. Mon petit nez retroussé me donnait un air d'insolence effrontée. Mon corps était svelte et souple comme une liane, ce qui me permettait de me déplacer aussi vite que le vent. En relevant la tête, dans le reflet de l'onde, j'aperçus une étrange créature qui me fixait d'un air curieux, assise de l'autre coté du ruisseau. Derrière lui, comme un reflet sur l'air, Aïvos et son frère Eole m'observaient en souriant. Le vent se remit à souffler, portant la voix chantante de Eole.

- "Ma fille, tu te nommeras dorénavant Zéphyriana. Je te présente Tanya, il te suivra partout où tu iras. Si tu as besoin de quoi que ce soit, il te le procurera."

Aïvos pris alors la parole.

- 'Maintenant continue ta vie et montre le chemin à tes frères, comme tu l'as toujours fait..."

Je sursautais à ces mots tellement j'étais concentré par cette créature. En me retournant dans la direction de leur voix, je n'eus pas le temps de prononcer un seul mot.
Ils me sourirent encore et disparurent tous deux dans un nuage blanc.

Me retrouvant seule, je traversais l'eau et je m'approchais de Tanya. Me voyant marcher vers lui, il s'était levé sur ses pattes et continuait à me regarder. A peine plus grand qu'un loup, son pelage avait une couleur acajou, avec une tache blanche sur le ventre. Son front portait une longue corne fine et irisée, encadrée par deux antennes qui se terminaient par une petite boule de poils blancs. Ses yeux étaient vifs et ressemblaient à deux rubis. Sa petite truffe, toujours en alerte, humait l'air qui l'entourait. Son museau portait des moustaches d'un blanc translucide. Je restais à distance et tournais autour de lui. Seule sa tête bougeait, tandis qu'il me suivait des yeux. Ses pattes étaient si courtes que son ventre touchait presque le sol. Comment pouvait-il d'ailleurs marcher? Comment me suivrait-il, moi qui pouvais me déplacer comme la brise? En passant derrière lui je vis qu'il avait aussi une petite queue toute ronde, qui remuait comme s'il était heureux de me voir. Puis tout à coup j'entendit une voix basse et mélodieuse qui m'interpellait:

- " Dit moi, on dirait, que tu n'as jamais rien vu!"

Il ne faisait aucun doute que c'était lui qui avait parlé. Surprise et gênée de l'avoir observée aussi curieusement et aussi ouvertement, je lui répondit:

- " Pardonne ma curiosité mais tout ceci et nouveau pour moi. Tu es si petit..., Eole m'a dit que tu peux tout me procurer, tout ce que je pourrais désirer. Je me demande comment tu feras? "

Il me jeta un regard de travers, et me dit, l'air un peu vexé.

- " Oui, en effet je suis petit, mais tu n'as rien vu encore, tu vas comprendre avec le temps!"


Je le fixais de toute ma hauteur. Mais... horreur... que m'était-il donc arrivée? En levant la tête vers le ciel, je me rendis compte de ma petitesse, les arbres me semblaient devenus immenses et me dominaient de toute leur taille. Je regardais partout autour de moi, soudain inquiète de l'avenir. Mon corps avait l'air si fragile, comparé à celui d'un dragon. Et quand je marchais, le moindre petit caillou me blessait les pieds. Mais pourquoi Aïvos m'avait-il demandé de me transformer? Quel pouvait bien être mon utilité? Que pouvais-je faire pour mon peuple avec une si petite taille? Et d'ailleurs, me reconnaîtraient-ils sous cette nouvelle forme? Pourquoi ne pas m'avoir laissé d'autres consignes? Je sentais des larmes couler le long de mes joues. Lentement, je me dirigeais vers le grand rocher, je m'y appuyais pour réfléchir et sécher mes pleurs. Soudain, Tanya vint vers moi à une vitesse surprenante:

- " Cache-toi quelque chose approche!"


Je le vis sauter derrière un buisson. Paralysée par ce qu'il venait de me dire, et de voir, je n'arrivais pas à bouger un pied. Une forme se précisa dans l'ombre de l'orée du bois et lentement, quelqu'un sortit du bois et se dirigea vers moi. La personne était petite et trapue. Elle portait une longue robe sombre dont le capuchon relevé cachait son visage. Cependant, sa démarche et ses formes me permirent de voir qu'il s'agissait d'une femme.

Arrivée près de moi, elle s'arrêta. Je sentis son regard se poser sur moi et courir sur mon corps dénudé. Puis, lentement, elle porta les mains à sa tête et abaissa sa capuche. Un visage apparut. Il était fripé comme une vieille pomme, et ses deux yeux rieurs brillaient au milieu des rides. Elle avait l'air étonnée de me voir. Elle s'adressa à moi dans une langue chantante, que je n'avais jamais entendu nulle part. Interloquée par ce drôle de langage et ne comprenant pas ce qu'elle me disait, je lui dis:

- " Bonjour Madame "

Mais elle ne semblait pas non plus me comprendre. Elle me fixa un moment, puis, elle releva un peu sa robe et sortit d'en dessous un petit sac de toile dans lequel elle se mit à fouiller. Elle en sortit finalement, une robe comme la sienne, qu'elle voulut m'enfiler. Effrayée, je me relevais et fit quelques pas en arrière. Elle se mit alors a faire des signes avec ses mains. Elle me fit comprendre qu'elle ne me voulait pas de mal, que je devais enfiler la robe et la suivre. Elle me regarda, m'habiller, et lorsque ce fut fait, elle me fit signe de la suivre et s'enfonça sous les arbres. Je la suivis. Après quelques minutes de marches, nous atteignions une étrange caverne, située entre deux chênes énormes. Elle me prit par la main, m'entraînant derrière elle. Au fur et à mesure que nous, nous enfoncions sous terre, je me rendit compte que les parois étaient également fluorescentes. Après plusieurs coudes, nous atteignîmes une large salle, aménagée confortablement. Au fond de la pièce, un feu brûlait doucement dans une cheminée, sous un chaudron d'où sortait une délicieuse odeur, qui réveilla ma faim.

Pendant ce temps Tanya nous avait suivi, il attendit la nuit puis suivant mon odeur il me retrouva dans ma chambre. Surprise de le voir là, je le cachais dans mon lit afin que la femme ne le vit pas.
Le lendemain j'allais près du campement, je les regardais s'installer fallait-il que je me montre dans ma nouvelle apparence? J'allais partir quand je vis mon fils qui pleurer et me chercher. Ne tenant plus je sortis de derrière les arbres. Je courus vers lui et je l'attrapais entre mes bras. Qu'il était gros! Je lui dis:

-"C'est moi mon fils regarde moi, lis dans mon âme tu sauras que je suis ta mère."

Il lut dans mon âme et joyeux de me retrouver, il criait en courant tout autour du campement:

-" C'est maman, c'est Dragon Fille du Vent!"

Tous me regardaient, je leur expliquais ce qu'il m'était arrivé. Mon fils avait beaucoup de mal à accepter que sa mère ne soit plus un dragon et n'arrêtait pas de pleurer. Je finis par lui faire comprendre que j'avais une mission à accomplir. Mais que pour l'instant je ne savais pas encore où elle allait me conduire ni son but. A moins que ces visions puissent nous en dire plus. Hélas aucune nous apportait une réponse à cette heure.
Je laissais donc mes compagnons s'occupaient de sauver notre race, leur temps était compter.
Je disais au revoir à mon fils, je devais retourner auprès de cette femme, elle allait m'apprendre le mode de vie de ce monde ainsi que son langage.

-"Je viendrais vous voir tout, les jours je vous le promets." Leur dis-je et retournant vers la forêt.