La Guerre Des Sept Races de Tazkaham


« A l’age où le soleil brillait d’un jaune si doré que les champs de blé semblaient s’y perdre, à l’âge où Idyll, la seule lune qui accompagnait la nuit, étendait son insignifiante sérénité sur les villages et communautés isolées des autres habitants de leur monde, les peuples et ethnies se haïssaient mais ne s’en déchiraient pas pour autant. Le profond mépris qu’ils s’inspiraient mutuellement faisait de telle manière qu’ils se surprenaient à fuir le combat sous prétexte qu’ils étaient plus proches des Dieux que les autres et qu’ils ne méritaient que leur pitié. Mais les braises prendraient une dernière inspiration, et raviveraient le feu de la haine, emplissant de flammes les yeux de ces êtres, qu’ils déverseront sur les plaines, offrant ce spectacle au soleil et à Idyll tant la bataille serait longue. C’est ainsi que La Guerre des Sept Races éclata, mendiante, attendant son dû : l’extermination d’une de ces races. Ne vous méprenez pas sur le nom de cette guerre, car parmi les sept races, trois étaient constituées d’Elfes et deux de Nains. On comptait donc les Elfes des Forêts, les Elfes des Marais, les Elfes des Mers, les Nains des Montagnes, les Nains de la Forge, les Trolls et enfin les Orques.
« La Guerre des Sept Races dura pendant deux décades, voyant les combattants enragés se jeter sur l’ennemi sans une minute de répit. La terre du champ de bataille était, pendant ces vingt jours, abondamment imbibée de sang, faisant le malheur des Elfes des Forêts et les Elfes des Marais tant ils vénéraient cet Elémentaire. Les flèches fendaient les cieux comme les haches fendaient les crânes. La poussière brûlait les yeux comme les fers chauffés à blanc brûlaient les corps. La Peur traversait les esprits aussi douloureusement que les pieux traversant les cœurs. Un vent de tristesse coulait des flancs de la vallée comme les sangs coulaient des plaies. Enfin, la pluie tombait aussi dru que les corps tombaient, inertes… sans âmes… La guerre avait obtenu bien plus que son dû car ce n’était pas une race qui s’était éteinte, mais deux. Ainsi les Nains des Montagnes et les Trolls devaient à présent demeurer comme légende pour ne persister que dans les livres.
« Les combattants ayant vidé corps et esprit de toute haine violente (ne croyait pas qu’ils vont s’aimer pour autant), ils oublieront vite l’idée de faire une autre guerre. Presque rien n’avait changé de l’avant-guerre…
« C’est ainsi que la vie reprit son cours laissant les spectres envahir les montagnes et les cavernes, jadis peuplées de Nains et de Trolls. Ha… j’oubliais… après cette guerre le soleil avait changé ; laissant à la place de ce jaune si gai, une boule, ressemblant à un grand œil injecté de sang noir. Les habitants de ce monde mystérieux le nommèrent très vite Soleil Damnant et voyaient cette transformation comme une punition, un châtiment. M’est avis que c’est de là que leur vient l’idée de ne plus se battre contre leurs propres frères.
« Diantre !… j’allais oublier une chose, la plus importante de toute, une chose qui vous paraîtra insignifiante mais qui pourtant influencera incroyablement le destin : la colère des guerriers, si forte fut-elle, réveilla une autre Colère pendant l’affrontement. La Colère des Cieux, c’est ainsi qu’ils l’appelaient. Pendant que la guerre battait son plein et que des éclairs jaillissaient des épées qui s’entrechoquaient, dans les cieux, des éclairs jaillissaient aussi. Des astéroïdes, se ruaient les uns contre les autres, se jetaient tout droit dans la fournaise du soleil ou encore s’écrasaient contre Idyll. Dans ce chaos indéfinissable, trois nouvelles lunes étaient nées, que l’on nomma très promptement Paësil, Nümoril et Dalia ou encore appelées plus couramment les Veilleuses du Vent des Sept Passés.
« Bien que ma mort soit proche, je vais prendre le temps de vous expliquer leur influence sur les Terres de Tazkaham et sur ses habitants.

« Vous l’avez peut être remarqué, les lunes de Tazkaham étaient maintenant au nombre des Elémentaires reconnus en ces lieux : la Terre, l’Eau, le Feu et enfin l’Air. La naissance de ces astres fut considérée comme un messie pour les ethnies encore vivantes. La foi des Elfes des Forêts et des Elfes des Marais en la Terre redoubla voyant fleurir Nümoril, aussi brune qu’un champ en jachère. Les Elfes des Mers s’entêtèrent à vivre par et pour l’Eau quand Paësil se mit à refléter sa lueur bleue sur les océans, parfois teinté de vert, comme envahi par les algues. Les Nains de la Forge connaissaient le Feu depuis la nuit de temps, et se mirent à le remercier lorsque Dalia fit briller leurs visages pleins de sueur comme engloutis par un feu de forêt. Les Orques, eux, trouvèrent voie dans l’adoration d’Idyll et son éclat blanc. Idyll semblait chanter lorsque le vent soufflait et c’est ainsi que les Orques décidèrent de servir et de se servir de l’Air et de ses souffles purificateurs.
« Afin de bien définir qui sert qui, ces quatre communautés se sont données nom : nihn norolië, appelés aussi Gardiens de L’Ecorce Sacrée ; nihn nazkum, appelés également Gardiens de l’Ecume du Point du Jour ; nihn talantium, appelés aussi Gardiens des Brûlures Sacrées ; et nihn asturion, appelés aussi Gardiens du Vent Porteur de Vie.

« On pourrait croire que tout marcherait comme ça jusqu’à la chute de ce monde, mais c’est à croire que les Elémentaire eux-même ne se plaisaient pas dans une vie sans guerre, menée au mieux, par des querelles sans importances. Il est peine à croire que la Terre ait prit goût au sang, et que le vent savourait le fait de se faire déchirer par les flèches Elfes… Mais c’est pourtant l’affrontement entre un nihn norolië et un nihn asturion qui plongera Tazkaham dans la décadence, pour finir non plus simplement à renflouer le néant…
« Je ne puis faire d’autres prédictions, je suis las et mon corps demande repos, aussi je vais exaucer son souhait en me forçant à partir. Nul doute que la Prophétie s’exaucera, alors je peux mourir en paix. »


Valarion,
Gardien de l’Ecume du Point du Jour

Ann'dra avec la participation de Laïkian