Résumés des parties de JDR des Forums

 

Voici le résumé (format word, 631 Ko) de la première session de Jeu de Rôle on-line de Fantasy Chronicles. Ce fichier contient de nombreuses annexes qui vous permettront de mieux situer l'action et les personnages. La partie ci-dessous ne contient que le résumé de l'histoire.

 


La nuit venait de tomber sur l’auberge du Lama Cramé. Cette modeste bâtisse perdue au milieu de la forêt abritait pourtant de bien singuliers personnages. L’ambiance n’en était pas affectée et les rencontres se multipliaient dans une bonne humeur croissante.
Soudain, la porte s’ouvrit violemment laissant sur le seuil un étranger fort surprenant. Un garçon d’environ 14ans se dressait sur le seuil et scrutait la salle muette de surprise. L’enfant tenait à peine sur ses jambes. Il s’avança vers une table où siégeait silencieusement un homme tout de noir vêtu. Le garçon bredouilla quelques mots, il était à bout de forces. Certains purent entendre « mon ami… » ou « Aidez-moi, je vous en prie… » puis il se tut. Le solitaire semblait lire dans ses pensées, quelques secondes avant que l’enfant ne s’écroule sur le sol, épuisé. L’homme en noir se dressa. Une femme de haute stature aux longs cheveux blancs s’avança pour recueillir le garçon allongé. Le solitaire quitta alors l’auberge brutalement en commandant à Fylia Auréalis de s’occuper de l’enfant. L’ordre était superflu, déjà elle transportait le frêle corps inanimé à l’étage.

Un homme de haute stature n’ayant rien perdu de la scène, se leva et sortit discrètement de l’auberge. Il passa a l’étable prendre son cheval. Sans bruit il s’éloigna, tenant sa monture par la bride. Soudain il s’arrêta net … tous ses sens en éveil ! On l’espionnait. La présence venait d’un buisson. Il se concentra encore un peu et devina Erkaniann. Il connaissait cette voleuse mais ne fit rien pour la démasquer. Il reprit sa route et s’enfonça dans les bois obscurs. La voleuse connaissait également l’homme. Elle se savait démasquée mais continua de le pister dans une forêt qu’elle ne connaissait que trop bien

Les heures passaient et l’enfant dormait profondément. Fylia veillait sur lui. L’ambiance momentanément rompue reprenait doucement son rythme. Des gens de passage continuaient à transiter et l’auberge commençait à se remplir. Puis la nuit s’obscurcit.. La Lune même avait du mal à percer les épais nuages s’amoncelant dans le ciel sans étoiles. Une atmosphère pesante envahit l’auberge. Tout le monde ici semble en être conscient. Une autre femme, au doux nom de Poésie rejoignit Fylia et le garçon à l’étage. Dans la salle principale trois hommes se regroupèrent dans le but d’inspecter les abords de l’auberge. Il y avait Aklektiass, l’homme de foi de Gaya, plus connu sous le nom familier du « Padré » suivi de l’elfe Ron-Berku, le légendaire bretteur, et de Nécro, un singulier combattant à l’humour aussi intarissable que célèbre. Tous trois sortirent prudemment dehors tandis que Poésie redescendait de l’étage, rassurée par Fylia. A ce moment, une chose étrange se produisit. Une forme humaine émana du corps de l’enfant comme un voile de fumée. L’homme, comme une image, flottait doucement au dessus du lit, se brouillant parfois. Fylia écarquillait les yeux comme pour se convaincre qu’il ne s’agissait pas d’un rêve, quand l’homme au regard triste prit la parole :
« Je suis le Liseur de Rêves. Je vous en prie, protégez Mykir , Ils le cherchent et ne tarderont pas à le trouver … »
Puis la forme oscillante se troubla. Ses phrases devinrent bientôt inaudibles. Seuls s’échappaient quelques mots de détresse, de mise en garde et plus rien ! Un silence de mort envahit l’espace plus présent encore que l’air. Seul le garçon, Mykir, continuait de dormir d’un paisible repos ; plus une trace du Liseur de Rêves. Fylia posa une main sur celle de l’enfant et l’autre sur la garde de son épée. Dehors rien d’inquiétant n’attira l’attention des trois éclaireurs. Le Padré prit alors l’initiative d’inspecter le toit. Il escalada la façade, s’appuyant sur les mansardes. Une fois debout, il s’avança un peu sur l’arrête principale de la toiture, mais là encore rien de suspect.

Au milieu de la forêt, l’homme arrêta brusquement sa monture. La rencontre était peu commune. Devant lui se tenait une enfant. Une petite elfe portant tout contre elle un petit tigre blanc a peine plus gros qu’un chiot :
  - Bonsoir, dit l’enfant
  - Bonsoir petite. Mais que fais- tu là perdue au milieu des bois en pleine nuit ?!
  - Je m’appelle Célestine et elle c’est Naya, répondit-elle en présentant la boule de poils blanche au cavalier, et en effet … nous sommes perdues.
  - Je me nomme Raven ,dit-il froidement
L’auberge était déjà loin. Et il était hors de question pour Raven d’y retourner. Il avait quelque chose de beaucoup plus important à faire. Ne pouvant abandonner la petite elfe dans un endroit aussi obscur que dangereux, il lui tendit la main : « Monte ! ». Sans d’autres explications, ils chevauchèrent dans la nuit en direction du Sud. Une présence les suivait toujours. Erkaniann ne peinait pas à les pister sans se faire distancer !

Un bruit sourd retentit ! Toutes les vitres du rez-de-chaussée explosèrent simultanément tandis que la lourde porte de chêne volait en éclats. Une imposante forme noire aux lueurs métalliques se dessina dans l’encadrement béat de l’entrée. Cinq autres colossaux Chevaliers Noirs encerclaient la pièce en tenant leur lourde épée à deux mains. Au même moment sur le toit, le Padré se retrouva nez à nez avec un de ces combattants de l’ombre surgis de nulle part. L’homme de foi n’eut guère le loisir de s’interroger sur le phénomène, car déjà le chevalier fondait sur lui en brandissant son arme tranchante !

Le Padré se baissa juste à temps pour éviter l’assaut du colosse visant à le décapiter. Il hurlait « Bon sang ! Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ! » en fauchant habilement son adversaire de sa crosse. A cet instant, le sang de Ron et Nécro ne fit qu’un tour. Ron entreprit d’escalader la façade pour porter secours au Padré tandis que Nécro se précipitait vers l’entrée de l’auberge ! la main de Fylia se resserra sur son épée. Elle ne voyait rien, mais les bruits au rez-de-chaussée l’inquiétaient presque autant que ceux qu’elle percevait juste au-dessus d’elle, sur les toits ! Les Chevaliers Noirs commencèrent à tout dévaster dans l’auberge ! Ils étaient d’une redoutable efficacité dans leur œuvre de destruction et ne trouvaient que peu de résistance face à une assemblée prise entre la surprise et la peur. Nécro fit rapidement face au Chevalier de l’entrée. Là encore, l’affrontement semblait inévitable. Poésie se réfugia dans une chambre à l’étage.
Pendant ce temps sur le toit, le combat ne mollissait pas. Le Padré réussit non sans mal à faucher l’imposant chevalier. Mais ce dernier balaya presque aussitôt l’homme de foi. Les deux combattants se relevèrent en maintenant leur distance quand un craquement juste derrière Le Padré le fit frémir. Il se retourna vivement toujours en garde avec sa grande crosse incrustée de gemmes, pour faire face à … Ron venu lui porter secours.
Juste au dessous, Mykir ouvrait les yeux. Réveillé par le bruit, il se dressa debout sur le lit prêt à mener un combat dont il ignorait tout. Fylia, alarmée par le combat dont elle devinait l’existence sur le toit, saisit le garçon par les hanches. Juste au dessus, le Chevalier Noir profita de la diversion involontaire de Ron pour tourner le dos au Padré et se laisser tomber sur le toit l’épée en avant. Sa lame transperça le chaume, en frôlant le dos de Mykir que Fylia venait à l’instant d’arracher du lit ! Le Padré fut le plus prompt à réagir. Il saisit sa crosse à deux mains en murmurant une incantation et la planta d’un coup sec dans le dos du Chevalier Noir allongé sur le toit. Son adversaire profondément blessé eut un soubresaut mais aucun cri ne trahit sa douleur. Le toit fragilisé par le trou du Chevalier noir et le poids de ces deux combattants, frémit avant de se déchirer, les entraînant tous deux dans la chambre de Mykir et Fylia ! Aussitôt Ron se précipita dans l’ouverture, s’affalant sur les deux corps. Il eut le bon réflexe de s’écarter afin que son compagnon achève le Chevalier noir qui préparait déjà une autre attaque malgré sa position. Fylia serrait Mykir dans un coin et n’osait intervenir. Le Chevalier Noir resta un court moment inanimé, une fine fumée brune émanant de son casque sans visage. Son armure rougit, chauffa ,pour enfin devenir brûlante au grand dam du Padré qui dut s’écarter rapidement. Puis plus rien.

Mais déjà un autre Chevalier Noir se présentait sur le seuil de la chambre !

A 80km au sud de l’auberge, une forme humaine flottait haut dans le ciel en observant le sol. C’était l’homme de l’auberge ! Celui-là même à qui l’enfant s’était adressé avant de tomber d’épuisement. Il observait une immense usine désaffectée depuis un moment. Il ne pressentait rien de bon. Son sixième sens ne le trompa pas. Une dizaine de créatures sortit de l’usine. Mi- homme mi- bête, elles déambulaient comme des zombies en scrutant le ciel. Leurs visages étaient déformés comme leurs membres. Ces véritables morts-vivants poussaient des cris rauques et tendaient malhabilement leurs longs bras au ciel vers l’homme toujours immobile dans le ciel. Puis aux dix créatures vinrent se joindre dix autres et dix autres encore !
La situation s’aggravait. Elle devenait d’autant plus inquiétante que l’homme percevait une vie humaine à l’intérieur même de l’usine. Une vie qui s’éteignait… une vie d’enfant ! Il ouvrit les bras en serrant les poings et déchaîna un pouvoir immense qui fit vibrer la terre dans un grondement sourd ! Il claqua ses deux mains en les pointant tels une arme vers les créatures. Une boule de lumière aveuglante grossit et un rayon d’énergie pure déchira le ciel en s’abattant sur les êtres et une partie de l’usine ! Les corps volaient et les créatures hurlaient de douleur ! Le bâtiment s’affaissa dans un crissement sinistre. Déjà les flammes dansaient sur ce nouveau champ de bataille où l’homme fondait, pour affronter maintenant ses ennemis au corps à corps !

Ryu ! s’exclama Raven en maîtrisant sa monture. Il n’était qu’à quelques kilomètres de la bataille. Célestine serra fort le cavalier pour ne pas chuter du cheval au galop ! A la sortie du bois, le cheval se cabra juste devant une petite falaise d’où l’on découvrait l’horreur du combat.
  - File Célestine ! Chevauche toujours au Nord. Tu trouveras une auberge. Tu y seras en sécurité !
  - Mais !…
Raven donna une claque sur la croupe de sa monture qui hennit. Célestine se cramponna à la crinière du cheval qui s’enfonçait déjà dans l’obscurité des bois en direction du Nord.

Au même moment, un éclair de lumière dépassa Raven et jaillit de la falaise pour se joindre à la bataille. L’homme grinça des dents « Erkaniann… ». La voleuse se déchaînait dans la bataille ,mêlant magie et combat à mains nues. Ryu fut un peu surpris de l’aide de la voleuse et cela le gêna plus qu’autre chose. Il devait de concert protéger la vie de l’enfant, en modérant ses attaques pour ne pas blesser également Erkaniann.
Du haut de la falaise, Raven comprenait bien la situation. Il ferma les yeux. Ses deux mains se refermèrent sur son épée pointée au sol. Il s’apprêtait à son tour à se jeter dans la bataille.
Soudain il ouvrit les yeux, effaré ! Une voix l’appelait dans son âme, au plus profond de son cœur. Cette voix, il la connaissait trop… Poésie ! Il se tourna une dernière fois vers la bataille comme pour s’excuser et ferma de nouveau les yeux, à l’écoute de celle qui l’aimait. Poésie priait dans une chambre de l’auberge, elle implorait le retour de Raven. La peur, la méditation, l’amour peut-être ? Mais qu’importe la cause , Raven ,à l’écoute de la voix, apparut presque aussitôt aux côtés de sa promise, toujours les yeux fermés et les mains serrant son épée.

A l’auberge, les combats se multipliaient dans un vacarme effroyable. Raven s’apprêtait à franchir la porte quand il croisa les yeux suppliants de Poésie. La protéger, c’était la seule chose qui comptait. Mais comment aider les autres sans quitter la chambre ? De nouveau l’homme se concentra et pensa cette fois-ci à deux autres personnes : Nécro son ami fidèle et Mykir, l’enfant qu’il avait croisé à l’auberge. A ce moment Nécro sentit une énergie énorme le pénétrer, une force sans pareille s’ajoutant à la sienne. Il sourit en pensant qu’il pouvait ébranler une montagne d’une main ! Mykir, lui ,eut un soubresaut !Fylia ne l’ayant toujours pas lâché, ne comprenait pas. L’énergie de Raven était trop puissante pour un enfant ! Il se cambra, les muscles tendus ! Tout son corps tremblait frénétiquement. Fylia essayait de ne pas maîtriser Mykir. Elle prit son élan et traversa la fenêtre en serrant l’enfant. Elle flottait dans l’air !
Fylia, voulait emmener Mykir loin de cette auberge de malheur ,mais une douleur l’en empêcha. Sa cuisse la faisait atrocement souffrir. Apparemment le Chevalier Noir lui avait laissé un douloureux souvenir avant de s’évanouir en fumée. Elle réunit ses forces pour se poser en douceur au pied du mur. Une aura bleutée se mit à danser autour du corps de l’enfant visiblement inconscient. Fylia s’éloigna de quelques mètres, regardant le phénomène, impuissante. L’aura grossit, grossit , jusqu’à envelopper Mykir d’une sphère bleue d’environ 3 mètres de diamètre. L’enveloppe de lumière toucha le mur de l’auberge et celui-ci se fissura alors dangereusement. Quelques rayons transperçaient l’auberge de ce côté et à l’étage… Mais la bataille faisant rage, ne laissait pas la place aux questions.

A l’entrée de l’auberge un chevalier noir faisait le guet, l’épée bâtarde à la main. Nécro, se sentait si fort qu’il en négligea toute tactique et préféra affronter son adversaire sans ruse. Il se campa en face de l’entrée en hélant le chevalier. Ce dernier ne se fit pas prier et s’avança pour chasser l’importun. Le combat était engagé mais celui-ci ressemblait plus à une danse qu’à un affrontement d’acier. Nécro évitait les coups d’une agilité redoutable, tournant autour de son adversaire. Il sortit alors une dague qu’il planta habilement dans la jambe du Chevalier qui s’affaissa lourdement.

A l’étage, Raven tenait à peine sur ses jambes après un tel effort. Poésie vint rapidement le soutenir en l’enveloppant de sa tendresse. Il n’avait plus qu’à espérer que ce transfert d’énergie ait marché, plus qu’à espérer que la bataille que menait Ryu et Erkaniann ne soit pas trop inégale, plus qu’à espérer que la petite Célestine trouve le chemin de l’auberge et de préférence le plus tard possible… Célestine…

Elle chevauchait sur un chemin de terre au milieu des bois, d’un galop effréné. Le bruit des sabots couvrait celui des ténèbres pourtant si présent. Le cheval ralentit sa course. Que se passait-il ? Il avait senti quelque chose. L’animal se cabra d’un coup en hennissant, désarçonnant la petite elfe ! Célestine se releva péniblement en se frottant la tête. Elle entendait encore le cheval s’enfuir puis plus rien …
  « Naya ?… »
Un buisson frémit sur sa droite…
  « Naya, c’est toi ? »
Un second buisson s’agita maintenant sur sa gauche !

A l’étage, un immense Chevalier Noir se dressait face au Padré et Ron. L’endroit était trop exigu pour se battre à deux de front. Une chambre plus loin, Raven rouvrit les yeux. Il confia son épée à Poésie et la rassura puis sortit prudemment. Voyant le chevalier Noir, il lui bondit sur le dos et s’aperçut alors presque aussitôt que le Padré allait intervenir. Il lâcha prise en le poussant légèrement vers le Padré qui saisit le chevalier par les épaules et bascula en arrière avec lui. L’adversaire subit cet assaut et fut projeté à la renverse vers Ron. Il ne leur fallut pas trop de temps pour venir à bout de ce deuxième Chevalier qui, comme le précédent, disparut dans une étrange fumée.
A l’entrée de l’auberge, Nécro aussi venait s’engager dans l’auberge en bondissant par-dessus son adversaire d’acier grièvement blessé à la cuisse. Deux elfes de hautes statures en profitèrent pour quitter discrètement les lieus. Le spectacle à l’intérieur était chaotique ! Les tables étaient couchées, la plupart des chaises brisées et le feu commençait à ronger certaines tapisseries et autres étoffes dans un bruit de bataille et de carnage. Des Chevaliers Noirs dévastaient tout ! Il y en avait au quatre coins de l’auberge. Raven ,qui apparut alors en haut des escaliers, analysa rapidement la scène et s’orienta vers un colosse d’acier près du bar. Nécro, quant à lui, courut affronter un autre chevalier près de la fenêtre côté Est. Etrangement son ancien adversaire, après s’être relevé, ne le poursuit pas. Il contourna l’auberge vers l’Est également.

Au milieu de l’obscure forêt, Célestine bredouilla timidement une nouvelle fois sa question : « Naya ? » Aussitôt une petite boule de poils blanche accourut vers elle et lui sauta au cou. La peur s’envola en même temps qu’elle serrait son petit tigre blanc contre elle. Cependant les retrouvailles furent abrégées par l’agitation sinistre de l’autre buisson. Célestine fronça les sourcil. Naya se mit à grogner et grossir comme par magie pour atteindre la forme d’un magnifique tigre blanc adulte ! Soudain un feulement rauque résonna dans les ténèbres. Une Panthère du Chaos géante surgit face à la petite elfe et son amie. Elle était haute de plus de 2m, son pelage noir luisait aux quelques rayons de lune et ses yeux brillaient d’une haine bestiale. Naya, la tigresse blanche pourtant énorme semblait toute petite devant l’autre félidé sombre.
La panthère se lança vers Célestine quand Naya bondit pour la défendre. Sa taille n’enlevait en rien de sa force ; Naya se battait farouchement contre la panthère sous le regard terrorisé de la petite Célestine impuissante. Ses yeux se remplirent de larme « Aidez-moi… Naya … S’il vous plaît entendez moi … ».

Au même moment, le plus grand des deux elfes ayant quitté l’auberge s’immobilisa. Sans un mot, il serra les poings et quitta le sol pour survoler les bois à vive allure. L’autre elfe continua son chemin à l’orée de la forêt et s’adressa télépathiquement à son frère « Fais attention à toi Tyffyn ».

Aux abord de l’auberge, Fylia regardait l’enfant dans le coma, se tordre de douleur à l’intérieur de son cocon de lumière. Puis il s’immobilisa, le corps tendu. Ses yeux se révulsèrent et il se mit à parler. Cette voix … Fylia la connaissait. C’était le Liseur de Rêves.
« N’ait crainte Fylia Auréalis. Tu ne peux rien faire pour l’instant. Surtout garde tes distances. Je vais essayer de le contrôler . Surtout veille sur toi, c’est la meilleure façon de l’aider… »
A ces mots, l’enfant se détendit. Ses yeux se fermèrent. L’aura bleutée l’enveloppant frémit légèrement et commença à se résorber. Fylia se rassura mais déjà derrière elle un chevalier noir s’avançait sur elle en boitant. L’affrontement devenait inévitable.

A l’étage, Poésie tremblait d’inquiétude pour Raven. Il lui avait laissé son épée et il était si faible. Elle maîtrisa sa peur et s’aventura dans l’auberge dans l’espoir de lui rendre son arme. A quelques pas d’elle, Ron et le Padré s’accordèrent pour se séparer. Ron prendrait les escaliers tandis que le Padré ferait le tour par le toit en se hissant par le trou. Raven, lui, faisait déjà face à au chevalier noir près du bar. Ce dernier essaya de le balayer de son épée détruisant au passage tout ce qui dépassait de la surface du bar. Des bouteilles volaient en éclats sous les lueurs des flammes de plus en plus présentes. Raven bondit ! Il passa au- dessus du Chevalier en tournant. La saut périlleux était parfait ! Mais à peine ses pieds touchèrent-ils le sol avec assurance que le Chevalier lui assena un puissant coup de coude sans même prendre la peine de se retourner. Raven fut propulsé contre le mur sans toucher le sol et sa course fut stoppée par le mur d’enceinte qui se fissura de part et d’autres à sa réception.
Poésie, en bas des escaliers, venait d’assister à la scène avec effroi. Ses mains tremblaient plus par la peur que par le poids de l’épée qu’elle portait devant elle. Le Chevalier Noir quittait le bar en sa direction. Raven secoua la tête un peu étourdi. Par miracle, il n’avait rien ! Ron apparut en haut des escaliers. Il arriverait trop tard ! Il cria : « Raven !!! ». Poésie n’avait pas la force de le faire. Raven se leva et comprit rapidement que son amie courait un danger grave et imminent. La folie mêlée à la haine le fit hurler ! Il bondit sur le Chevalier en hurlant telle une bête féroce alors que des griffes tranchantes lui sortaient du dessus de ses poings serrés. Il lacéra l’armure avec une rare violence. Le chevalier à terre subissait les assauts bestiaux sans pouvoir réagir, avant de fondre en fumée !

Au milieu de la forêt, les deux félins s’affrontaient. Malgré sa force redoutable, Naya n’avait pas la taille de la panthère du Chaos. Cette dernière, d’un agile coup de patte, fit voler Naya aux pieds de Célestine ! La petite Elfe en pleurs se prépara au combat fort inégal. Soudain, à une vingtaine de mètres du sol, un elfe apparut et défia la panthère qui se détourna de l’enfant. Elle bondit toutes griffes dehors sur Tyffyn ! Dans un calme troublant l’elfe évita agilement le félin victime de l’apesanteur ,et la frappa avant sa chute. Elle atterrit souplement dans un feulement de rage et changea une nouvelle fois de cible pour fondre sur Célestine, plus proche et sûrement moins dangereuse. Tyffyn cria « Célestine attrape ! » et lui lança une dague. Elle l’attrapa alors que la panthère n’était qu’à quelques mètres d’elles. Le choc fut violent et marqué par un jet de sang ! La Panthère du Chaos se retourna et Tyffyn pouvait voir sa patte tachée de sang. Célestine ne l’avait pas manqué ! Mais la petite elfe ne se retourna pas elle. La lame de la dague qu’elle tenait fermement était effectivement rougie du sang du félin. Elle chancela et s’effondra au sol ! Une flaque de sang grossissait et se répandait autour de son épaule meurtrie.

Nécro se battait comme un lion au milieu de l’auberge. L’énergie de Raven portait ses fruits et un cristal bleu qu’il portait en pendentif autour de son cou ne semblait pas étranger à sa réussite. Lui même l’appelait « la Matrice ». Il avait déjà mis hors de nuire un chevalier, et poursuivait farouchement la défense des lieux. A l’extérieur, Fylia aussi se battait avec courage malgré sa blessure. Mykir quand à lui, se réveillait dans l’herbe grasse. L’aura avait disparu complètement. Juste à côté d’eux, un nain brandissant une hache à double tranchant apparut. Sortit de nulle part, il lui semblait bon de ne pas prendre la porte d’entrée pour pénétrer dans l’auberge. Il s’approcha de Mykir, quand une main gantée de fer noir traversa la fenêtre et le saisit au cou. Le nain ne touchait plus les pieds au sol et se débattait de son mieux. Mykir se recula, effrayé. Juste au dessus, le Padré sur le toit invoquait la nature. Le lierre grimpant sur les parois devint plus épais et plus touffu, plus solide ! Le nain étouffé assena de violents coups de hache sur le bras noir ! Le Chevalier lâcha alors prise. Le nain s’écroula sur l’herbe inconscient ! A l’intérieur Nécro s’occupait déjà de ce chevalier trop près de la fenêtre à son goût. Un autre chevalier traversa l’auberge en direction de Nécro en courant ! A sa grande surprise, il ne s’arrêta pas et traversa littéralement le mur de pierre ! Le colosse en armure noire faisait face à Mykir, n’ayant cure du nain gisant à ses pieds.

A 80km d’ici, une autre bataille faisait rage. Ryu et Erkaniann affrontaient des adversaires à chaque fois plus nombreux. La multitude était un handicap et ils ne pourraient tenir très longtemps malgré leurs pouvoirs hors du commun. Ryu ne pouvait continuer ainsi. Il fallait mettre un terme à cela. Il s’éleva dans le ciel invoquant un être suprême. Le bracelet de force doré ,ajusté à son bras, s’illumina. Il vibrait, se craquait en laissant s’échapper des rayons aveuglants. Il se détacha en grossissant à vue d’œil. Aussitôt un immense dragon déploya ses ailes et saisit Erkaniann pour l’emmener malgré elle vers l’auberge ! Il est temps que tout cela cesse, pensa Ryu. Un grondement sourd fit trembler le sol. Un cri bestial accompagné d’une lumière aveuglante déchirèrent la nuit …

Le Padré bondit de son échelle de lierre pour s’interposer entre le chevalier noir et l’enfant ! En position de combat il se tenait prêt à intervenir. Mykir regardait la scène médusé. Le Padré n’attaquait pas. Il attendait. Mais pourquoi ? C’était plus de temps qu’il n’en fallut à Mykir pour réagir ! « J'y vais ! Laissez-moi faire ! » Il courut vers le colosse, doubla le Padré et s’élança les deux pieds en avant vers son adversaire ! Le résultat fut sans surprise. Autant lancer une plume violemment contre un rocher. Mykir s’écroula au sol alors que le chevalier ne trembla pas même un peu. Aklektiass jura tout ce qu’il pouvait en attrapant l’apprenti samouraï assez vite pour qu’il ne se prenne pas un coup d’épée. Il le cramponna, l’envoya dans des buissons un peu plus loin avant de s’interposer, face au géant d’acier ! Nécro trouva une résistance plus solide contre son Chevalier. Il se concentrait ,tentant de trouver le cœur ou un muscle à frapper plus judicieusement. Mais rien ! L’armure semblait vide. Dans leur combat au corps à corps Nécro fit appel à sa Matrice afin d’immobiliser son adversaire. Ce travail mental d’une rare intensité l’empêchait lui aussi de bouger. Ron, non loin de là, saisit son épée et vint aider Nécro. Il s’y reprit à deux fois sous l’inquiétude non dissimulée de son ami pourtant en phase de concentration, pour venir à bout du Chevalier Noir.

Encore dans les airs, Tyffyn se devait de réagir ! Il attira l’attention de la Panthère du Chaos afin qu’elle se détourne de la jeune Célestine inconsciente et blessée. Le félin rugissait de douleur et de colère ! Sa haine était sa seule motivation. Elle bondit aussitôt sur l’elfe, qui lui-même fonçait sur la panthère une dague en avant ! Tyffyn n’était plus le même. Il semblait transformé, survolté lui aussi, d’une force immense aussi redoutable que la haine ! Des griffes sifflèrent dans l’air en frôlant son visage pâle, et lorsque la panthère retomba de son saut, c’est lourdement qu’elle s’écroula sur le sol … sans vie.

Dehors Fylia luttait péniblement contre le Chevalier. Ce dernier semblait mieux supporter sa blessure à la cuisse que la jeune femme. Elle réussit à le faucher en se jetant aussitôt sur lui l’épée en avant. Sa lame transperça l’épaule du colosse à présent crucifié au sol. Il lâcha sa lourde épée, mais de son autre main encore libre il attrapa le bras de Fylia afin de l’entraîner contre lui. Elle souffrait atrocement ! Elle réunit encore quelques forces pour se concentrer. L’énergie de sa concentration était basée dans son poing. Des flammes se mirent à danser, à tourbillonner tout autour de celui-ci, et elle enfonça la boule de feu dans le creux du casque du Chevalier ! Alors une chose encore plus invraisemblable se produisit ! Son bracelet de force en métal noir enlaçant son bras se mit à vibrer. Et d’un coup des tentacules jaillirent de celui-ci pour s’accrocher tels des sangsues au casque et au reste du haut de l’armure. Fylia ne pouvait se dégager ! Le bracelet était comme vivant. Les tentacules mordaient l’armure et la tordaient. La scène devenait bestiale. Le chevalier tremblait frénétiquement à mesure qu’il se faisait dévorer. Fylia luttait pour ne pas perdre connaissance. Une douleur incessante martelait son crâne. Des images fugaces d’horreur la traversaient. Elle ne savait si c’était des souvenirs ou si son bracelet « buvait » l’énergie ténébreuse du chevalier. Elle se dégagea d’un coup sec et resta à genoux à côté de la carcasse fumante de son adversaire méconnaissable. Elle ne le regardait pas. Elle était ailleurs. Elle menait déjà un autre combat beaucoup plus dangereux.

Tyffyn s’approcha de Célestine. Naya léchait maternellement sa blessure. « Laisse-moi voir ,Naya, s’il te plaît ». La tigresse blanche comprenait, et plus encore, acceptait l’aide de l’elfe avec confiance. Elle s’écarta. La blessure semblait moins profonde qu’elle ne le laissait paraître. Tyffyn déchira un bout d’étoffe pour lui faire un bandage de fortune et souleva la frêle enfant. « Naya … Si tu reprenais une forme un peu moins « adulte » pour le voyage ? Nous ne sommes pas très loin d’une auberge » L’animal s’exécuta. Aussitôt le petit chaton blanc bondit souplement dans les bras de Tyffyn pour se blottir contre sa maîtresse. Il marcha un moment dans l’obscurité vers le Nord quand il distingua une silhouette se dirigeant vers eux. Elle ne semblait pas vouloir se cacher et marchait droit sur eux.

Jetée sans ménagements dans les écuries de l’auberge, Erkaniann s’en éclipsa rapidement, inquiétée par des bruits pour le moins étranges. La voleuse prit soin de s’éloigner à distance raisonnable de l’auberge suspecte en se dissimulant parmi les buissons et les arbres bordant la partie Est du bâtiment. Et ce qu’elle vit confirma rapidement ses inquiétudes. Elle voyait une femme se dégager d’un combat singulier mêlant le fer et la magie. Elle voyait un homme de foi lutter fort habilement contre un immense Chevalier Noir à l’aide d’une crosse incrustée de gemmes colorées. Un trou béant s’ouvrait le mur de l’auberge derrière les combattants et là encore d’autres combats faisaient rage à l’intérieur. Erkaniann observait cette bataille en silence, quand le buisson lui servant de couverture se mit à bouger. Une tête blonde, les cheveux en pagaille en sortit. Elle reconnut l’enfant et s’adoucit aussitôt : « Bonjour » lui murmura-t-elle naïvement. Mais le jeune garçon ne l’écoutait pas. Il ne la voyait même pas. Il pleurait. Erkaniann arrivait à entendre quelques uns de ses mots à peine perceptibles : « J’en ai marre : Marre qu’on me prenne pour un gamin ! Marre de ne pas être pris au sérieux ! Marre d’être la cause de tous ces ennuis ! J’en ai marre de TOUT ! » Il se leva les poings serrés. Mykir tremblait légèrement et une aura bleutée l’enveloppa de nouveau.

  - Leonoah ! Aide-moi à la transporter jusqu’à l’auberge. Elle est blessée, ordonna Tyffyn
L’elfe porta secours à son frère et ajouta
  - Espérons que ça se soit calmé là-bas d’ici notre arrivée
  - Je l’espère aussi, je l’espère oui…

Il ne restait plus qu’un Chevalier Noir, celui qui se battait contre le Padré. Mais tout le monde était encore sur ses gardes. Fylia revenait péniblement à la réalité. Pour elle aussi le combat touchait à sa fin. Erkaniann beaucoup moins confiante souhaita protéger Mykir contre une quelconque agression. Elle se transforma alors en un magnifique Dragon de taille moyenne ! Ses puissantes ailes membranées se refermèrent autour de jeune garçon comme un cocon. Personne ne vit les yeux de Mykir se révulser. Personne n’observa l’aura grandir. Personne n’entendit sa dernière phrase « Parfois il m’insupporte d’être un gamin ! ».
Une bande de lumière bleue jaillit de l’aura blessant le Dragon à une aile ! Le filet de lumière frôla le Padré et découpa parfaitement l’armure du Chevalier au niveau de son épaule. Son bras entier, celui même tenant l’épée, tomba au sol ! Rien n’arrêtait la course du rayon qui sectionnait tout obstacle sur son passage aussi finement que le tranchant d’un rasoir. Rien ne s’y opposait ! Les murs, les chaises, les tables étaient marqués au passage du filet de lumière bleue. Puis il disparut dans les profondeurs de la nuit.

Erkaniann s’enfuit en essayant de contenir sa douleur. Aklektiass profita du handicap de son adversaire immobilisé pour en finir avec lui rapidement ! Fylia venait de retrouver complètement ses esprits et se releva. A l’intérieur, Nécro et Ron ne constatèrent aucun blessé suite au passage du rayon. A l’étage, Poésie attendait le retour de Raven méditant sur le toit, réceptif au danger et aux animaux de la forêt avoisinant l’auberge. L’auberge … elle était dévastée ! Une véritable ruine. Alors que la tension descendait, deux elfes franchirent la porte. L’un d’entre eux portait une jeune fille inconsciente blessée à l’épaule. Dehors, Fylia alla chercher Mykir et ils rentrèrent dans l’auberge accompagné du Padré portant le nain par le passage improvisé dans l’aile Est du bâtiment. La nuit fut longue et mouvementée pour tous. Le jour allait se lever dans quelques heures mais personne ne pensait à chercher le repos. Ils s’occupèrent des blessés tandis que d’autres allaient chercher de quoi conclure la nuit derrière le bar également dévasté. Personne n’avait vraiment envie de parler. Trop de choses, trop vite et toutes en même temps ; trop de questions aussi mais également trop de désordre pour savoir par où commencer. Le temps n’était pas là. Il fallait récupérer.

Le jour se levait et quelques rayons de soleil entraient timidement dans l’auberge en ruine. La plupart dormaient, hormis les protagonistes de l’aventure. Même Célestine était éveillée. Mykir, assis sur la partie du bar encore debout, était plongé dans ses pensées. Le regard un peu perdu, un peu triste, nul ne songeait à l’interrompre dans ses réflexions. Son regard changea, comme soudainement réveillé. Il bondit du bar et marcha assurément vers la sortie. Une main se posa sur son épaule « Mais où crois-tu te sauver comme ça mon gaillard ? » lui demanda Fylia. Le Padré ,non loin de là, renchérit « Ne crois-tu pas nous devoir une once d’explications jeune homme ? ». Petit à petit, Ron, Nécro, Poésie et d’autres s’approchèrent du garçon resté silencieux. Son mutisme énerva rapidement certains. Alors que d’autres s’opposaient à le brusquer, Mykir, la tête basse murmura :
« Tymlitt. Je dois allez sauvez Tymlitt. C’est mon ami et moi j’ai réussi à m’échapper. Pas lui… J’avais du monde derrière moi, j’ai couru longtemps, j’ai marché sans compter jusqu’ici. Je savais qu’une personne pouvait m’aider dans cet endroit. Je ne le connaissais pas mais il s’appelait Ryu. C’est l’homme qui est parti. Il n’est pas revenu et je dois alors y aller. Je dois allez sauvez Tymlitt ! »
Il reprit alors sa marche vers la sortie quand Fylia ajouta
« Attends ! Attends un peu ! Tu vas un peu vite je trouve. J’ai rien compris moi et je ne dois pas être la seule ! Alors j’ai encore quelques questions a te poser ! »
Mykir s’immobilisa sans se retourner et conclut :
« Ecoutez, ne m’en voulez pas. Je sais que c’est de ma faute et que je vous ai apporté suffisamment d’ennuis en une nuit pour rester ici. En plus, en ce moment même j’ai un ami qui souffre beaucoup plus que moi au Sud. Je n’espère qu’une chose : qu’il soit encore en vie alors j’y vais. Je n’empêche personne de me suivre, mais que personne ne m’empêche de partir … s’il vous plaît. Pardonnez-moi encore mais j’ai trop peu d’ami pour pouvoir les laisser dans la détresse en discutant… »
A ces mots il reprit sa route en direction du Sud.

Les questions, l’aventure,… nul ne savait les réelles motivations qui les poussaient mais beaucoup savaient qu’ils prendraient eux aussi la direction du Sud.

A Suivre....